Comme une traversée… (Belize-Costa Rica) et sueurs froides (les Jack Sparrow version pêcheurs)

16 jours de nav, 14 nuits…

Mardi 13 février, nous lançons le départ pour le Costa Rica où nous attendent des amis communs avec Fakarever.

Départ de Hatchet avec un gros temps, 40 nœuds au compteur. Au moment de partir, je fais tomber une canette de bière du Capitaine sur mon orteil … sur l’échelle de la douleur de 1 à 10, j’étais à 20!

Malheureusement une avarie sur le groupe électrogène de Fakarever nous stoppe, nous remontons par la passe sud jusqu’à San Pedro pour essayer de trouver la pièce manquante qui arrivera le surlendemain matin.

IMG_6458
Encore frais

Jeudi, vrai départ cette fois, nous décidons de passer de notre côté par la passe sud (soit faire le chemin inverse ), rallongeant d’au moins 40 milles le trajet pendant que Fakarever tentera la passe nord avec brio .

Et là commence ce qui ressemble à une transat en pire, je m’explique… nous faisons du près serré, très inconfortable et très dur à tenir pour un cata qui ne sait faire que des bords carrés, là où une transat se fait plutôt au portant, et contre une houle nous donnant l’impression d’être dans une essoreuse.

En plus, nos amis nous attendent pour le 26 février et notre gps nous prévoit une arrivée pour début mars…angoisse . Je leur envoie un mail iridium en leur indiquant que la nav est « laborieuse » (ce sens de la litote…) et leur suggère d’aller sur le site des amis pour suivre notre route en live… manière homéopathique de les préparer au pire .

Plus tard, ma mauvaise foi et moi même ferons amendes honorables auprès du Capitaine qui a opté pour la stratégie du « on essaie de remonter un max au vent » contre la théorie : on tire de longs bords, au moins on a le sentiment d’avancer, et cela nous a permis de rattraper le retard pris au départ.

Le temps va commencer à sérieusement forcir ensuite, on ne comptera plus les cafés renversés, les contenus de placard qui se déversent à chaque ouverture, les bruits infernaux des vagues qui claquent…  pas besoin d’aller faire des montagnes russes au retour, les enfants ont eu leur dose. Nous sommes passés à 20 nœuds de vent en moyenne, avec beaucoup de grains dont certains sont montés à 50 nœuds (force 10)… quand on sait qu’on est sous évalués…même plus peur, on s’ennuie à 20 noeuds là où avant on était en mode suricate!! On s’adapte vite finalement .

IMG_6576

Bref, compliqué à gérer avec des nuits forcément hachurées en raison des quarts, heureusement qu’on avait fait le plein de playlists, les grains qui nous sont tombés dessus étaient sans doute dus à nos cordes vocales complètement en roues libres!

Assurer l’école au petit matin était rocambolesque, on avait en plus mis la pression pour qu’ils s’avancent bien dans leurs devoirs, histoire d’avoir quelques jours de vacances avec les copains à l’arrivée …des survivors!! Grâce à cette nav, nous saurons maintenant l’importance capitale et stratégique des repas, nos enfants finiront fin gourmets à ce rythme et prêts pour top chef!

IMG_E6556IMG_6519IMG_3832_MomentIMG_3782_Moment

Les pipi, les pipi, les pirates….

Au large du Nicaragua et Honduras , on prend nos précautions pour éviter les attaques de pirates qui opèrent de plus en plus au large. Mercredi soir, on met le bateau en mode nocturne, plus de lumières, tout ce qui peut attirer l’œil est planqué et nous… on attend en serrant le fessier. Évidemment nuit sans lune, nous naviguons sans feux et sans AIS… pas intérêt à croiser quoi que ce soit.

Je passe mes quarts à scruter mon bâbord toute la nuit pour m’apercevoir que c’était sur tribord le danger… je viens bien de Vénus !

Lors de son quart Capitaine viendra me réveiller (c’est bien la première fois), deux bateaux suspects à notre bâbord pour le coup . On planque l’iridium , scrutons à la jumelle , ça ressemble à des bateaux de pêche nocturne… on passe entre les bateaux et la côte qui est à plus de 100 mn et on prie pour qu’ils ne nous voient pas au radar . Il y a beaucoup de houle et grains sur grains, cela nous aide à être « invisibles ». En effet, les pêcheurs dans le coin ont une face « pirates » à leurs heures perdues …

Au petit jour, au moment du petit dej, arriva ce qui devait arriver… un bateau de pêche fonce directement vers nous … branle bas de combat, les enfants sont confinés dans leur cabine, nous re-planquons ce qui peut l’être , sortons les cigares qu’on nous avait donnés à Cuba, ainsi qu’un vieux téléphone pour faire leurre.

Le bateau de pêche approche de plus en plus, nous sommes avec le Capitaine au poste de pilotage (en train de faire le point sur notre existence , voire faire nos adieux déchirants). Le bateau pile à 50 mètres du nôtre et en scrutant (l’air de rien bien sûr )la mer, nous nous rendons compte qu’autour de nous il doit y avoir au moins 20 mini pirogues avec dedans deux hommes dont 1 qui rame contre la houle et l’autre qui écope …l’état de la mer avec des creux de 3 à 4 mètres et le stress nous ont complètement aveuglés . C’est absolument incroyable de voir ces mini canoës en plein océan à plus de 100 milles des côtes, faut le voir pour le croire . Là ça passe ou ça casse, nous sommes encerclés et c’est très dangereux, nous risquons de foncer dans une barque et pas franchement envie de faire des exercices d’hommes à la mer.

IMG_6590
En regardant bien vous verrez des petits hommes dans des petites barques…

Par réflexe pavlovien nous leur faisons un salut timide (la politesse en toutes circonstances…), hilares, ils nous saluent également et nous font des grands signes. J’en profite pour ressortir le téléphone de sa planque et essayer de les prendre en photo, sinon personne ne nous croira.

Deux autres bateaux de pêcheurs les rejoignent… ça sent la fin des haricots… finalement on sent qu’on les a pris par surprise alors qu’ils étaient en train de poser d’immenses filets de pêche et il semblerait que nous soyons passés en plein milieu…pas le temps d’aller détrousser les touristes.

On fait attention à ne pas se prendre les pieds dans le filet (ça nous connaît ) et continuons comme si de rien n’était et slalomons entre les mini barques.

On a eu chaud et après coup nous rendons compte qu’on aurait pu le payer cher, les dernières attaques étaient faites par des pêcheurs non loin de là.

Après … la politesse nous a peut être aidés?? Les enfants nous avoueront que triple A avait ouvert son hublot et faisait des grands coucous… le brief sera à améliorer .

La journée de jeudi se passe bien, mes 20 ans « n’étant plus depuis longtemps , Madame », les siestes sont devenues incontournables, j’attends la fin du cned avec une impatience rendant ma part de patience encore plus congrue …

Le soir, nous refaisons la même opération feux éteints, ici deux dangers: les pirates toujours et les bateaux go fast qui trafiquent entre providencia et la côte … quand on aime,… on se fera encore des frayeurs mais rien de comparable au petit matin de la veille.

Samedi, pétole… limite on a du mal à s’y faire après ces derniers jours. On en profite pour dormir , enfin moi surtout…

Dimanche nous sommes enfin au large du Costa Rica, obligés de faire des ronds dans l’eau et attendre le lendemain pour arriver de jour., quoi de plus rageant?

Après un faux départ, nous aurons la « chance » de faire une fausse arrivée, le village prévu du rendez-vous est impraticable , des rouleaux de vagues l’entourent, pas de pontons pour accoster et un voilier échoué sur la plage.

Nous irons nous poser sur une plage plus à l’abri de la houle à côté et enfin dormir!! Demain, arrivent les amis, nous ne tenons plus les enfants!

Conclusion : on se sent maintenant vraiment amarinés, tenir les quarts à deux c’est jouable mais pour le Pacifique et le quota de sommeil de chacun , les deux beaux-frères seront précieux !

IMG_0188
no comments…
IMG_3759_Moment
toujours spectaculaire

Troublant trou bleu (Belize-Blue Hole)

Nous arrivons au Belize après deux nuits de nav, dont la dernière à faire des ronds dans l’eau pour passer le temps, une passe d’entrée à travers la barrière de corail est difficile à… passer, obligation de la faire de jour.

Aux premières lueurs, nous nous retrouvons avec Fakarever et un autre voilier , Scratch. Nous nous lançons les premiers … la peur au ventre il faut bien le dire… nous sommes entourés de cailles, bonne houle et visibilité pas si bonne à cause des nuages . Nous sommes sensés avoir en point de repère une Maison Blanche avec des arches, le guide ayant plusieurs décennies, il y a eu d’autres constructions entre temps depuis croyez-en nos yeux fatigués !Heureusement une bouée jaune inespérée et non indiquée nous permet de négocier le bon cap… ouf!

Le temps de faire les formalités … c’est à dire une large demi-journée à traverser l’île de long en large et la tentative de faire un plein… nous découvrons avec horreur que les prix sont doublés par rapport au Mexique…et tous les supermarchés tenus par des chinois… contraste garanti !

Bon, cela m’a permis de trouver enfin des nouilles de riz et pouvoir assouvir mes envies de pad thaï !

Tout est prêt pour accueillir la sœur du Capitaine ainsi que son marin de mari et les trois petits loups de mer venus du Mexique pour le we.

Nous naviguons sur Caye Caulker et Chapel Cay. La malédiction familiale a encore frappé , ils sont arrivés sous des trombes d’eau…et la météo prévoyait orages et pluies pour 10 jours….

Heureusement dimanche fut magique, le soleil pointa son nez et surtout les dauphins nous ont réservé un accueil digne des plus grands! Les filles sont parties en paddle les rencontrer, ils dansaient autour … inoubliable.

Pendant que les plus jeunes profitaient de tours en bouée tractée, une annexe de grands enfants a été dépêchée pour un snorkling fabuleux également… si ce n’est qu’au retour j’oubliai de remonter l’ancre…. déjà qu’on se sentait poussifs…

DJI_0006_Moment2
Danse avec les dauphins
DSC_0027 (2)
Entre petits derniers, on se comprend
DSC_0036 (1)
Mexicains au Belize
IMG_3326
Adopté!
DSC_0106
Bande de chauffards!
IMG_3367
C’était chouette les cousins

Bon, lundi fut gris et orageux tout comme les quelques jours qui ont suivi sur San Pedro. Nous avons raccompagné les cousins …sous la pluie évidemment…mais avec la perspective d’avoir un équipier de choc pour le Pacifique …Joie!

Après quelques haltes dans des îles paradisiaques privées ou occupées par un ou deux hôtels de luxe, nous arrivons sur Half Moon bay , à proximité du fameux Blue Hole. Décision est prise d’aller voir le trou en annexe, petite expédition d’environ 1 h de tape-cul, impression d’être en 4L sur la route des gardes à Meudon (c’est du vécu)… pour arriver au fameux endroit, difficile à repérer par temps nuageux et sans un bateau à l’horizon ! Le trou fut trouvé, impressionnant même sans plonger dedans (où se cachent des galeries), mais comme dirait Numerobis , ce n’est qu’un trou après tout… le snorkling autour est très joli.

Retour à Half Moon, endroit paradisiaque dans lequel nous irons nous promener dimanche et observer les refuges d’oiseaux . Passage par les rangers et délestage de 80$…pas fous les gars…les enfants en profitent pour récupérer plein de noix de Coco et des coques vides pour faire de jolis bols…

IMG_6251
Les enfants jouent pendant que les parents sirotent…
DCIM101GOPROGOPR2389.JPG
Blue Hole in situ
DJI_0006_Moment(2)
Pour se faire une idée de la barrière de corail et des fameuses passes
DCIM101GOPROGOPR2360.JPG
Blue boy dans le blue Hole
DCIM101GOPROG0012429.JPG
si c’est pas mimi…

DCIM101GOPROGOPR2517.JPGDCIM101GOPROGOPR2526.JPG

Ces derniers jours furent l’occasion pour triple A d’être invité à domir chez Fakarever (il se faisait un poil insistant … de la suite dans ses idées mine de rien ). La joie pleine et totale pour lui, après des promesses de bien faire pipi avant de se coucher (« et même quand j’en ai envie?  » ose-t-il demander) , nous le laissons avec grand plaisir prendre son envol !

Nous laissons Fakarever profiter un peu plus du spot et allons de notre côté sur Turnreefe. Évidemment le balisage indiqué sur la carte a disparu… l’endroit est chaud bouillant , nous serrons les fessiers! On entend à la VHF « 6gone, 6gone,6gone..This is scratch…you are 100 mtrs too far on your starboard »…gloups….heureusement qu’on avait révisé notre anglais un soir lors d’un apéro me donnant l’occasion d’expliquer crânement l’origine du mot POSH (snob) en anglais, explication un peu confusante à mesure que les ti punch s’enchaînent !

Une barcasse est venue à notre secours et nous a guidés à travers les têtes de corail, nous faisant prendre des routes passant sur notre carte sur des reefs …faut avoir la Foi!

Départ lundi pour South Cay, sur le trajet nous négocions la part de travail avec Triple A qui nous réclame de « maquiller  » ses bols de coco… pardon « vernir « …la Girlitude de sa sœur renforcée par la petite cousine a déteint!!

To be continued…

IMG_6228 (2)
Des dauphins!
IMG_3445
Mon petit doigt me dit qu’il va bientot pleuvoir…
IMG_6303
Les Dalton liment …