Lost in Translation: Sydney-Bangkok-Paris-Bretagne en 48h

Nous nous sommes quittés en mars, en pleine folie Covid, encouragés par les australiens à mettre les voiles. Tous les vols de la Thai sont annulés à compter du 27, le nôtre est le 26… Le confinement est décidé le 25, interdiction de sortir sans une bonne raison à partir de 13h. Cependant, avant de pouvoir franchir les barrières aéroportuaires, nous vécûmes quelques heures en mode stress. Tout d’abord, il a fallu aller dans un centre médical pour avoir un certificat attestant que nous nous portions bien.

Bien portants?

Ensuite et en toute logique, trouver un centre covid qui accepterait de nous tester. Et là, ça se complique sérieusement, nous contactons tout ce que Sydney comporte de centres hospitalier, impossible de faire un test sans un bon motif. Angoisse, nous devons pourtant présenter les résultats du test pour le surlendemain si nous voulons avoir une chance de partir. Un groupe facebook est créé rapidement entre compagnons de galères, en l’occurrence les Frenchies de la Thai Airways! L’astuce est trouvée, on a tous participé à une fête où malheureusement un cas de Covid a été déclaré… et en avant toute pour l’hôpital. Une fois arrivés, on nous fait changer de queue, les enfants étant présents, branle-bas de combat, on passe en section pédiatrique, toute une batterie d’examens et de questions… par un infirmier malentendant et donc, complétement incompréhensible de tous, déjà qu’on a du mal à se faire à l’accent Aussie mais là c’est le pompon! On hésite entre le fou rire et l’énervement, les enfants qu’on avait briefé et pour tousser de temps en temps sont complétement perdus! Le médecin finit par arriver, nous refait une série d’examen et autorise à pratiquer le test. Ouf, il est quand même 22h, on n’en peut plus. Passé le mauvais quart d’heure avec le coton-tige version XXL trifouillant le fond des narines et de la gorge, nous voilà de retour dans notre cher camping-car. Nous téléphonerons toutes les 3h pour avoir le résultat, rien à faire, le test peut prendre 48h, que nous n’avons plus. Que faire alors? Rendre le camping-car, avec le risque d’être coincés, se mettre sur la liste de l’ambassade qui est en train d’organiser l’affrètement d’un avion? Surtout que face à la panique générale, nous avions pris les devants et rempli à ras bord la douche du camping-car de denrées précieuses, comprendre PQ, bières et pâtes. Nous joignons le loueur du CC qui accepte de garder en stand-by l’engin, ouf, un problème en moins.

Nous rendons donc speedy 6 et rejoignons le logement loué pour cette dernière nuit. Encore des coups de fil à l’hôpital, rien de nouveau…. si on n’a pas ce fameux document, nous ne pourrons pas embarquer. Inutile de détailler l’état de nos nerfs. Mon frère, diplomate (au sens propre comme au figuré d’ailleurs) joint le consulat de Sydney, ils sont en train de recenser les passagers du vol de la Thai… Bizarre, il semble que nous ne soyons pas dans leur fichier mais pas grave, on donne toutes les informations possibles et imaginables au consulat et échangeons avec eux jusqu’à tard dans la nuit par WhatsApp, Messenger,… ils sont sous l’eau. On ne comprend pas tout ce qui se passe mais nous n’avons plus d’autres options, on s’en remet à la grâce divine.

Lever dès potron-minet à 6h, bouclage des sacs en espérant qu’ils ne craquent pas sous leur poids vu qu’on a casé ce qu’on pouvait de notre surplus alimentaire, direction l’aéroport (après évidemment un énième coup de fil à l’hôpital). Nous sommes les premiers dans la file d’attente, au taquet comme jamais, ça passe ou ça casse. On voit le personnel de la Thai qui se fait briefer et s’agite de tous côtés, drôle d’ambiance. Enfin, ils ouvrent les guichets, nous n’en menons pas large. A la vue des passeports français, ils consultent un listing (sans doute du consulat), nous demandent notre attestation d’assurance (couvrant à hauteur de 300 000$ d’éventuels pépins de santé), notre certificat médical et… c’est tout!! Exceptionnellement, la Thai a accepté de faire une entorse à leur règlement à condition que l’on ne reste pas plus de 24h à Bangkok, Alléluia! Merci 1000 fois aux hommes et femmes du consulat qui ont fait un travail incroyable pour nous sortir de ce pétrin.

Nous ne touchons plus terre et ne demandons pas notre reste, enfin si, j’essaie de négocier une escale un peu moins longue à Bangkok mais les avions sont pleins. Nous passons les différents postes de frontière, trop contents d’essayer le portique électronique qui scanne les passeports, je me fais refouler…. a priori, je n’ai plus la même tête… je ne sais pas bien comment le prendre!

Enfin installés dans les sièges de l’avion, nous décompressons à fond et consultons une dernière fois nos mails avant l’obligation d’éteindre nos portables pour y découvrir les résultats du test envoyés par l’hôpital, heureusement négatifs. Un autre message d’un australien avec qui nous étions en contact nous attend. Nous avions échangé avec lui la veille, ayant prévu de le rencontrer lors de notre périple australien. Il nous avait fait une offre pour le bateau, refusée car trop basse, mais avions continué à discuter. Il nous fait une proposition, encore plus basse (!), en dollar australien qui plus est. Pour la petite histoire, la monnaie locale avait chuté de 30% la veille. Dans le genre de proposition qui se refuse, ça se pose!! Et évidemment, nous l’acceptons…. pas envie de gérer le bateau à des milliers de kms, les frais de marina sont costauds sans parler de l’assurance et avec les frontières NZ fermées pour 18 mois autant dire que le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Une fois arrivés à Bangkok, nous reprenons un petit coup de stress avec les prises de température dès la sortie. 20 longues, très longues heures nous attendrons. J’irai user de mon charme dans le salon Air France pour pouvoir imprimer l’offre de vente du bateau. Nous repérons un hôtel dans l’aéroport et hésitons à y aller, le tarif est à l’heure et l’équivalent du prix du billet. Finalement, nous irons dormir là où nous pourrons, l’aéroport est totalement vide! Et pour cause, nous serons dans le dernier vol de la Thai pour Paris. En pleine nuit (ou en plein jour?), je retrouverais Greatwine marchant à contre-courant d’un tapis, on se dégourdit comme on peut!

Adaptation au nouvel environnement
Y a pas le son des ronflements!

L’arrivée à Paris est lunaire, nous avons le sentiment d’arriver après un tsunami, pas un bruit, l’aéroport est vide. Au poste de frontière, on nous distribue une attestation mais point de contrôle de température. Un Uber plus tard et nous voici rendus à Versailles pour récupérer notre voiture et surtout embrasser, de loin évidemment, la chère grand-mère du capitaine. Beaucoup d’émotion et de frustration. Encore 4 heures de route nous attendent, conduite à droite, ça fait tout drôle, nous devons filer en Bretagne rejoindre mon père. Pas une voiture croisée, que des camions. A 2 heures du matin, nous sommes enfin arrivés, heureux de pouvoir enfin nous poser après ce voyage interminable.

Bravo les enfants pour votre capacité d’adaptation à toutes les situations, nous n’avions malheureusement peu de réponses à toutes leurs questions de ces dernières semaines.

3 réflexions sur “Lost in Translation: Sydney-Bangkok-Paris-Bretagne en 48h

  1. Joëlle et François Moreau

    Merci pour ce récit rétroactif si vivant, imagé et bien traduit, vous nous manquiez. Bravo pour vos prises de décision et réactions pleines de bon sens. Le coup de stress a été à la hauteur du challenge.
    Nous avons (un tout tout tout petit peu) vécu cela après notre séjour confiné en Martinique, dans le dernier vol d’Air Caraïbes. Arrivée à Paris stupéfiante dans un aéroport désert. Traversée vers la Bretagne vide de circulation sans le moindre contrôle et un silence mortuaire. Un reconfinement salutaire chez nous au Boutdum.
    Nous attendons de vos nouvelles à l’issue des « grandes vacances » Courage pour le redémarrage après ces dernières années si riches et denses. Portez-vous bien. Bises à vous partager !

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  2. Tara Ioos

    Merci pour partager votre aventure, j ai suivie du Canada, je vous souhaite de bonnes grandes vacances. Peut etre un jour on se retrouvera a Vancouver, Paris ou Versailles…
    Hasta luego, a bientot si Dieu le veut, on se reverra sous peu…
    Big hug,
    Tara

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