Premières avaries

Jeudi dernier , on file au Marin pour un check up complet du bateau.

Inspection des cordages , électricité, sellerie et remplacement d’une hélice.

Pour cette dernière , on fait appel à un plongeur Tchèque qui baragouine trois mots d’anglais. Il plonge une fois, trifouille trois trucs et remonte en nous prévenant qu’il risque d’y avoir des « difficultés », repart aussi sec sur une autre intervention en nous prévenant qu’il repassera .

Bizarre mais avec toutes les personnes et différents corps de métier sur le bateau, on ne se formalise pas trop.

On le revoit passer au loin plusieurs fois, on lui fait signe de revenir , il revient à contre cœur et plonge une nouvelle fois .

Il remonte un quart d’heure plus tard en nous disant qu’il y avait « emergency » et qu’on ne pouvait pas utiliser le moteur bâbord en l’état….

Gloups.

On active la situation d’urgence, contactons le chantier pour sortir le bateau de l’eau le lendemain, trouver des ouvriers pour réparer le tout.
Lendemain, lever 5:00 pour être sûrs d’arriver à l’heure au chantier, notre vieux loup de mer (que j’appelle chonchon dans ma tête ) nous accompagne , un grand cœur se cache derrière cette rugueuse enveloppe!


Nous abandonnons le Capitaine avec le bateau et je file avec les enfants dans le café du coin, repère et repaire de tous les marins du coin (Mango Bay). Inutile de préciser que pour y arriver , nous avons testés plusieurs pontons, mon sens de l’orientation était un peu perturbé et les garçons trop contents d’avoir du rab!

On s’installe au fond du café , on sort les cahiers et hop hop hop au boulot les asticots .

Épreuve de test acoustique en plus , entre la radio locale à fond et un chantier sur le toit d’à côté avec des bruits de disqueuse et de perceuses difficilement soutenables.

Je négocie une pause boisson si tout le monde travaille bien, assez bien joué , ils ont trimé 1:30 sans broncher .

On récupère le Capitaine pour déjeuner, entre temps on fait deux trois courses pour le bateau histoire de creuser jusqu’au bout le budget.
On revient au chantier , deux hélices changées et l’attente peut commencer pour la remise à l’eau. On se fait griller la priorité par le charter local et comble du comble, le chef de chantier croyant me faire plaisir met à l’eau un bateau devant lequel je me tenais plantée , droite comme un I et l’air peu amène … mauvaise pioche, on a été bons pour attendre encore 1/2 h.

Avec les enfants qui commençaient à sérieusement fatiguer ( ou étaient-ce nous qui étions un peu déprimés et sensibles?), le chantier qui était source de chutes ou de blessures en tout genre , la tension montait et grandissait à vue d’œil.

On repart vers 17:30 , tard pour le coin, le soleil étant un couche-tôt, il va falloir tracer.

Les deux grands nous suivent en annexe , la gloire! au moins on a deux heureux.

Arrivée dans la même veine de la journée, au mouillage le guindeau de la chaîne de l’ancre se déroule d’un coup , le dessalinisateur disjoncte, le lave-linge fait grève … quand ça va pas, ça va pas!

On change notre programme, l’électricien passe voir ce qui se passe, qq courses et nous voilà d’équerre.

Les enfants ont fait la connaissance d’un voisin de leur âge, ils ont joué au paddle des heures durant , leurs rires faisait plaisir à entendre. Cet après midi à surtout été l’occasion de tester le cadeau de Noël de Greatwine de la part de sa Maraine, une voile de planche gonflable, dont le pied de mat est adaptable au paddle .

On y est tous passés , c’est très amusant, tout le monde a réussi à virer ou empanner en quelques minutes , énorme quand on sait combien il est ingrat et difficile de faire un ou deux bords en planche classique au bout de qq jours, et encore il faut que les conditions climatiques soient de la partie.

Nos trois grands (sur la photo, 7 ans et de grosses poussières et même pas peur!) s’en sont sortis comme des chefs et nous aussi ! Le manque de dérive nous empêche de remonter au vent, le Capitaine est vraiment cool puisqu’il a passé l’après-midi à nous remorquer.

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Le soir venant , je prends mon service du soir et commence à préparer le diner, taboulé pour les 5 et je sors tomate et thon pour me faire une salade gluten-free.

Ayant acheté des petits piments , déjà utilisés pour des currys et ayant l’habitude de picorer, je croque dans un joli spécimen rouge.

Et là, je commence à passer par un tourbillon de sensations passant du picotement à la brûlure en quelques minutes , on sacrifie un sac de glaçons que je me passe sur le visage pour atténuer la douleur , mais elle continue d’irradier et arrive aux yeux. Je commence à paniquer et demande au Capitaine d’appeler les urgences. Le téléphone en Martinique étant parfois capricieux , plusieurs tentatives seront nécessaires pour joindre les pompiers, qui nous orientent sur le samu puis le médecin conseil.

À chaque fois que le Capitaine expliquait « ma femme a mis un piment dans sa bouche » je me sentais de plus en plus bête mais en terme de douleur , toujours pas d’amélioration , c’est comme si je m’étais pris un shoot de bombe lacrymogène.

Le médecin demande quel est mon âge , et là je suis achevée directe …réponse de l’affreux Capitaine: « 40 ans ». Je baragouine , « non 39 et demi » mais personne ne m’écoute jamais dans cette famille .

Le médecin continue en nous demandant si on est près d’une pharmacie ou si on a des médicaments, et là, les 140 litres de médocs et autres matériels étranges et les heures passées à préparer la trousse (caisse) à pharmacie m’enorgueillissent.

On a de quoi me traiter sur place ( je ne dirai pas à mes anciens collègues que j’ai pris le concurrent direct de kest 1!).

En attendant que cela fasse effet le Capitaine me lit la littérature à voix haute sur l’objet de mon malheur, effectivement:

Piment habanero

Aussi connu sous le nom de piment antillais. Une espèce plus familière donc, mais pas moins dangereuse. Selon Internet et Wikipedia -deux sources d’information totalement infaillible – il faudrait se protéger les mains et les yeux pour le cuisiner. Cet aliment est tellement nocif que le seul fait de le toucher est susceptible de provoquer des brulures sur les mains. Accessoirement il a aussi l’effet d’une bombe lacrymogène sur l’appareil respiratoire.

Ou bien

Le Piment habanero (Capsicum chinense Jacq.) est une espèce de piment de la famille des Solanaceae. Il est cultivé pour ses fruits à la saveur particulièrement piquante. Il est aussi appelé piment antillais.

Ce piment est extrêmement fort (y compris pour les amateurs de piments) : sur l’Échelle de Scoville, il est noté de 100 000 jusqu’à 577 000 pour certaines variétés.Une seule goutte de suc suffit à brûler les lèvres et la langue. Il faut protéger ses mains et ses yeux en le préparant. Des fortes brûlures apparaissent sur les doigts quelques heures après la préparation. De même, sa préparation a tendance à irriter l’appareil respiratoire provoquant l’effet d’une bombe lacrymogène.

Aux Antilles, il est très communément consommé : découpé, on frotte les aliments avec le piment, sans le manger directement

Ce n’était pas bien malin de croquer à pleines dents dedans….je ressemblais plus à rien,  visage  gonflé, yeux explosés, la misère.

Lendemain matin, au moment de la vaisselle de petit dej, Numerobis nous indique qu’il n’y a plus d’eau. Tatata, trêve d’excuses bidons et à la plonge mon gars…. sauf qu’évidemment il a raison… à la plomberie de nous lâcher ….Une pompe à eau qui fatigue manifestement. Les garçons qui regrettaient leur camp d’été de louveteaux ont eu une séance de rattrapage express en vaisselle et seau !

Si je vous dis que j’ai cramé une machine entière de linge en ayant mis un produit détachant qui n’a rien compris et fait l’inverse… après 24 h d’immersion , on peut pas lui en vouloir mais quand on dit que tout lâche….l’incarnation de la loi de Murphy;)

À part ça, tout va bien, l’aventure commence !!

7 réflexions sur “Premières avaries

  1. Anonyme

    Merci pour le récit de vos aventures. C’est un plaisir à lire à chaque fois. Magnifique interprétation de l’Article 8 même si l’Article 9 en a pris un coup ces derniers jours.
    A très vite.

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  2. Alex Giovanelli

    Ma pauvres A Max ! J’espère que tu vas mieux, sans douleur aucune et visage dégonflé.
    Et je croise les doigts, j’envoie des tas d’ondes positives pour que la série des avaries s’arrête illico ! Bravo aux apprentis marins de rester joyeux, studieux, sportifs et serviables (la vaisselle au seau d’eau… scout à domicile en plus des devoirs, triple bravo !) Bizzzz forts à tutta la familia
    Et message d’Elisabeth pour GG : tu me manques beaucoup, on répète super bien les chants de la chorale et le spectacle de fin d’année, je t’enverrai plein de photos ! Je t’embrasse Lili

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  3. Maud Coste

    Dis donc tu as du sacrément souffrir! Tu n’aurais pas une photo 😉 J’imaginais que vous alliez vivre de sacrées aventures mais pas de cette ordre – là. .. courage pour la suite et ravie de vous lire ! Je vais abonner Pm 🙂 Bizatous

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